La voix d’une lutte : Thierry Kaméremoin, une figure de Radio Djiido
Thierry Kaméremoin n'est pas seulement un témoin des 40 ans de Radio Djiido ; il est une partie vivante de son histoire. Son portrait, brossé au fil de l'interview, est celui d'un homme dont le parcours se fond avec celui d'un média qui a su, contre toute attente, devenir une institution. Son engagement est né de la lutte, en 1988, lorsque la loi d'amnistie le pousse, par hasard, vers une radio encore à l'état de projet.
Pour lui, Radio Djiido est plus qu'une station : c'est un « média de lutte » et une « école live », un laboratoire d’où sont sortis de nombreux talents. Il parle avec une fierté discrète des « accidentés de la vie » qui, comme lui, ont construit la radio avec leurs mains et leur bénévolat, faisant mentir les pronostics qui prédisaient sa mort prématurée. Cette période de tâtonnements techniques – des bandes analogiques aux logiciels numériques – est, pour lui, la preuve que la persévérance et l'ingéniosité sont plus importantes que le savoir académique.
Sa voix est celle d'un homme qui a combattu pour la liberté d'expression, non seulement sur les ondes, mais aussi au sein des institutions. En tant qu'ancien membre du Conseil supérieur de l'audiovisuel, il a défendu la « parole kanak » et a joué un rôle dans la création d'autres médias. C'est un homme de paradoxes, capable de pointer du doigt le « carton colonial » en Nouvelle-Calédonie, tout en reconnaissant les progrès accomplis et le respect qu'il a trouvé hors du territoire.
Le message de Thierry Kaméremoin à la jeunesse est limpide : ne laissez pas l'échec vous définir. Croyez en votre génie, car l'école de la vie est la plus formatrice des institutions. Son parcours et celui de Radio Djiido sont la preuve vivante que la conviction et la résilience peuvent non seulement faire naître une voix, mais la maintenir forte et audible pendant des décennies.