Radio Djiido : 40 ans de Militantisme, d'Histoire et de Passion

L'émission spéciale des 40 ans de Radio Djiido a offert un vibrant témoignage d'Alain Trupit, figure emblématique de la station de 1985 à 1996. Au micro, il est revenu sur les débuts d'une radio pas comme les autres, une "radio du peuple" animée par des bénévoles et un engagement sans faille.

Des Débuts Faits de Passion et de Rivox

"Alain TRUPIT nous livre ici un témoignage authentique sur l'évolution de Radio Djiido, la voix des Kanak."

Dès les premiers instants, le ton est donné : Radio Djiido était une radio militante, un lieu de rassemblement pour une "grande famille" unie par la cause. Alain Trupit, qui a rejoint la station grâce à Yvon Wamaï, se souvient de nuits blanches passées à enchaîner les morceaux. Le matériel était rudimentaire : les montages se faisaient sur des magnétophones à bandes Rivox, découpées et assemblées à la main. La seule voiture de la radio, une Express, servait à parcourir le territoire pour réaliser des interviews, comme la première d'Alain à la coopérative Udjana à Thio.

La radio a fonctionné grâce à une mobilisation militante et à la solidarité entre les camarades. Alain cite plusieurs noms, à la fois disparus et toujours présents, qui ont marqué cette époque : Jean-Loup, Didier Cru, Dios, ou encore Jacques Le Sucré, fidèle animateur de la tranche matinale Djiido Réveil.

Une Radio au Service du Peuple

Si la rédaction se chargeait des questions politiques, les animateurs comme Alain avaient pour mission de couvrir les sujets sociaux et culturels. Cette approche a donné naissance à des initiatives comme la rubrique « Bonne santé pour tous en l'an 2000 », financée par une ONG australienne. Un projet qui démontre l'ambition de la radio d'éduquer et d'informer la population sur des enjeux essentiels.

L'importance de la rigueur et de la discipline a également été soulignée. Malgré leur statut de bénévoles, les équipes devaient faire preuve d'une grande ponctualité, notamment pour le journal du matin, une exigence imposée par Octave, l'un des piliers de l'époque.

Transmettre le Témoin à la Jeunesse

Aujourd'hui, Alain Trupit, qui a quitté la radio en 1996 pour s'engager en politique et travaille désormais à l'Agence de Développement de la Culture Kanak (ADCK), invite Djiido à se tourner vers l'avenir. Pour lui, la radio doit continuer de jouer son rôle de média communautaire, en donnant la parole aux jeunes et en les laissant animer leurs propres émissions.

Il insiste sur la nécessité de promouvoir la culture et les langues kanak, des piliers de l'identité qui ne doivent pas être négligés. L'ADN de Djiido, qui consiste à former sans prérequis, doit être maintenu pour permettre à la jeunesse de s'exprimer et de trouver sa place. En écho à cet appel, l'émission a d'ailleurs lancé un jeu : quelle était l'heure de la toute première séquence reggae de Radio Djiido ?